L’origine des noms de notre seigneurie

En 1672, le comte de Frontenac et l’intendant Duchesneau concédaient à Romain Becquet, notaire de Québec, une vaste étendue de terre, entre les seigneuries de Gentilly et de Deschaillons, mais, par négligence, et faute de l’avoir mis en valeur, il la perdit en 1683; ses filles, Marie-Louise et Catherine Angélique purent en récupérer les titres, mais sans manifester plus d’intérêt. Gilles Masson (1630-1716), qui habitait alors à Sainte-Anne-de-la-Pérade, saisit l’occasion de se nommer « seigneur de la Côte et de la Seigneurie de Saint-Pierre », et de concéder des terres qu’il savait inoccupées. Pourquoi ce nom de Saint-Pierre? On pense que ce fut à cause du nom de son fils Pierre, né le 26 juillet 1673, à qui il concéda d’ailleurs une terre en 1703, dans cette seigneurie de Saint-Pierre; plus tard, le village de Saint-Pierre reprendra le nom, ainsi que l’église de l’agglomération, Saint-Pierre apôtre.

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Le village de Sainte-Cécile de Lévrard fut ainsi nommé en l’honneur de Cécile Thomur, épouse de Charles Lévrard; celui-ci était le fils de Louis Lévrard, et de Catherine-Angélique Becquet

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Signature de Charles Lévrard, Signature de Cécile Thomur

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Sainte-Sophie de Lévrard rappelle le prénom de Sophie Charlotte Young, épouse de Joseph-Ovide Tousignant, dernier seigneur en titre, et qui donna une de ses terres à la fabrique; il faut noter que le premier nom donné à la mission, fut Saint-Placide, en 1856, en l’honneur de Placide Neault, très impliqué dans le développement de cette région; plus tard, en 1874 eut lieu l’érection canonique de la paroisse, suivie en 1875 par la constitution de la municipalité de Sainte-Sophie.

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Nous avons deux origines pour le nom de cap Saint-Claude, partie du village de Saint-Pierre les Becquets où se situent l’église, le presbytère et le manoir.

Une première version suggère que René Pinot (Pineau), un des premiers colons, avait un fils prénommé Claude, d’où le nom de cap Saint-Claude.

Une seconde explication, plus plausible, veut que Claude Volant de Saint-Claude, missionnaire, né en novembre 1654, fils d’Ignace Volant et de Françoise Radisson en soit la raison; cette dernière était la sœur de Pierre Esprit Radisson. Claude Volant, avec son frère jumeau Pierre, ont fait leurs études au Séminaire de Québec, ont été ordonnés prêtres par Mgr de Laval; Claude Volant de Saint-Claude a desservi, en tant que missionnaire, toute la rive sud du fleuve, depuis Sorel jusqu’à Lotbinière, y compris la seigneurie Lévrard-Becquet.

Nous venons de voir l’origine des noms de nos trois villages, et de certaines particularités géographiques; l’origine du nom des rangs est essentiellement basée sur les mêmes principes.

En exceptant le nom du premier rang, nommé « Marie-Victorin », à cause de la route provinciale qui court de Montréal à Lévis, portant le numéro 132, les autres routes, parallèles au fleuve, ont été baptisées pour honorer une personnalité locale; comme il aurait pu paraitre prétentieux d’accoler son prénom à un lieu public, le fait de « sanctifier » l’appellation rendait cette pratique tout à fait acceptable.

Le frère Marie-Victorin (né Conrad Kirouac le 3 avril 1885 à Kingsey Falls, Québec, et mort le 15 juillet 1944) était un religieux, frère des Écoles chrétiennes, botaniste, intellectuel et écrivain, surtout connu pour ses importants travaux en botanique.

Lorsqu’on nomma le second rang de la seigneurie, on lui donna naturellement le nom de Saint-Charles, en référence de Charles Lévrard (1716-1786), fils de Louis et de Catherine-Angélique Becquet, fille du premier seigneur.

Cécile Thomur de Lasource (1710-1780), épouse de Charles Lévrard, a laissé son prénom au troisième rang, ainsi qu’au village qui s’y développera plus tard : Sainte-Cécile

Le quatrième rang, Saint-François-Xavier, fut baptisé ainsi en l’honneur de Charles-François-Xavier Tarieu de Lanaudière (1710-1776), qui devint seigneur en 1769, après avoir acheté la seigneurie de Charles Lévrard.

Antoine-Ovide Tarieu de Lanaudière, (1772-1838) un des co-seigneurs, fils du précédent Charles-François Tarieu de Lanaudière et de Catherine Lemoyne , laissa son second prénom au cinquième rang, Saint-Ovide, et son premier prénom au sixième rang, Saint-Antoine.

Le septième rang, Sainte-Agathe, en l’honneur d’Agathe Tarieu de Lanaudière, sœur du précédent, co-seigneuresse (1774-1838).

Le rang Saint-Jacques, le huitième, tire son origine de Jacques-Raymond Baby (-1870), frère de François, dont la mère était Marie-Anne de Lanaudière. Il a épousé Adélaïde Moras (se) en 1827.

Enfin, le neuvième rang, Sainte-Adélaïde, rappelle Adélaïde Moras (1803-1878), épouse de Jacques-Raymond Baby.

Nous n’avons pas encore trouvé les dates auxquelles ces noms furent accolés aux chemins qu’ils identifient, mais nous ne désespérons pas; toute information à ce sujet serait bienvenue. Nous sommes en train de faire des recherches sur les noms des autres routes, chemins, rues et lieux de la région; par exemple, la route Paquin, la plage Laurentienne, la rue Saratoga, etc.; tout renseignement serait grandement apprécié.

Alain Manset, Société d’histoire et de généalogie Lévrard-Becquet.