Mines de fer dans la seigneurie

Vers 1870, le pays connait une crise économique qui durera plusieurs années. Ce n’était pas la première, ni la dernière d’ailleurs!

À cette époque, sir John Alexander Macdonald (1815-1891), alors premier ministre du Canada, annonce son intention de financer la construction d’un chemin de fer transcontinental. Il faudra alors fournir des milliers de kilomètres de rails, des roues de wagons et autres produits dérivés du fer.

Déjà, sous le régime français, on produisait aux forges du St-Maurice, une certaine quantité de fonte et de fer, grâce à la proximité de mines de fer, de forêts pour le charbon de bois, et de calcite; cependant, les débuts des forges du St-Maurice, de 1729 à 1741, furent pénibles. Elles deviendront en 1760 possession britannique : Les Anglais prendront alors les Forges au sérieux, et elles connaitront quelques années de production intense; les Forges commencèrent à péricliter vers 1872. Les fourneaux des Forges s’éteignirent définitivement en 1883.

Alors, où trouver le précieux minerai, pour construire ce chemin de fer?

En 1874, Georges Benson Hall, écuier (squire) bourgeois de la ville de Québec, représenté par Joseph-Valérie Genest, écuier de la paroisse de St-Maurice, signe devant le notaire Napoléon Desrosiers d’Argy, notaire public résident à Gentilly, une entente avec plusieurs propriétaires de terres situées à Gentilly, Bécancour, Ste-Marie-de Blandford et quelques unes à St-Pierre-les-Becquets.

Dans ces contrats notariés, on peut y lire : que le propriétaire « a volontairement vendu, cédé, quitté et transporté dès maintenant et pour toujours à Georges Benson Hall à savoir : Toute la mine de fer (orre) et tous les droits de mines de fer qu’il a et peut avoir ou prétendre en et sur une terre sise (…) Cette vente est faite pour et en considération du prix et somme de quatre centins pour chaque barrique de la dite mine de fer nette qui sera prise, exploitée et enlevée par l’acquéreur.(…) Sur et à compter de la présente vente, le vendeur reconnait avoir eu et reçu de l‘acquéreur la somme de deux piastres et quant au résidu, l’acquéreur promet et s’oblige à payer et bailler au vendeur ou à son ordre au fur et à mesure que la mine sera prise et enlevée. (…) Se réserve le vendeur le droit de lever, laver et charroyer la mine au prix et conditions que l’acquéreur pourra faire faire l’ouvrage par des employés. »

Jusqu’à sa mort en 1876, Georges Benson Hall s’était surtout fait connaitre dans l’exploitation commerciale du bois; il est reconnu comme l’un des plus actifs et riches marchands de bois au Canada. Par exemple, le 9 janvier 1830, Numédique et Élizé Mailhot de St-Pierre vendront 300 billots de bois à Hall, au nom de Peter Patterson, billots qui devront être livrés sur la grève au Sault Montmorency, dans le port de Québec.

En 1843, Hall avait épousé la fille unique de Patterson, héritant de l’entreprise dans l’exploitation du bois de commerce. D’autres commerçants de bois de Saint-Pierre-les-Becquets feront affaire avec Hall-Paterson.

À Saint-Pierre-les-Becquets, le lot 161 appartenant à Prisque Tellier, le 163 à un dénommé Rocheleau, de Gentilly, et le lot 393 détenu par Pierre Blais ont suscité l’intérêt de G.B. Hall, et leurs propriétaires ont signé le contrat notarié dans les années 1874-1875. Ces terrains étaient situés tout près de Gentilly.

En 1889, un consortium de gens actifs dans le minerai de fer se crée : il s’agit de la Canada Iron Furnace Company. En Mauricie, dans le village de Fermont, les forges Radnor, propriété de la succession de Georges Benson Hall, seront acquises par la Canada Iron en reconnaissance des dettes de la succession.

Du coté de la rive sud, il ne semble pas que l’activité du minerai de fer ait connu un succès : on ne connait pas de construction de haut fourneau au charbon de bois comme en Mauricie. Les terres se sont vendues sans clauses ajoutées concernant l’exploitation du minerai de fer.

A partir des années 1890, les droits de mines de fer à l’égard des différends lots de terres sont radiés et éteints par prescription.