Les aqueducs

DU TUYAU DE BOIS AU TUYAU DE MÉTAL

Les réseaux d’aqueduc sont apparus au Québec au cours du XIXè siècle. Devant le besoin pressant d’eau de bonne qualité, les villes se sont dotées d’infrastructures entre 1800 et 1850. Les villages ont peu à peu emboîté le pas jusqu’au début de 1900. Il a fallu près de 30 ans de plus pour que les rangs soient à leur tour desservis. Pendant plusieurs années, les réseaux sont pour la plupart administrés par des propriétaires privés ou dans certains cas par des coopératives d’usagers. L’eau provient des cours d’eau et des sources situés sur le territoire et est acheminée dans le réseau par pression ou par gravité par des pompes à vapeur, et par des roues à eau dans des tuyaux de bois qui seront reliés aux établissements. À la fin des années 50, la presque totalité du territoire de notre Seigneurie est relié à un ou l’autre des réseaux.

Au fil du temps, le système présente des difficultés : la qualité de l’eau est souvent sujette de plaintes, les fuites régulières exaspèrent, le risque de maladies contractées par l’eau insalubre augmente, le peu de performance lors d’incendies inquiètent les citoyens et les élus, de plus, les compagnies d’assurance et le service provincial d’hygiène publique font de plus en plus pression sur les municipalités.

Nous verrons donc le système passer aux mains des municipalités qui entreprendront , au fil des années, des travaux importants: relier les divers embranchements, changer la canalisation pour le métal, passer des pompes à vapeur ou à gaz à l’électrification, chercher de nouveaux réservoirs d’alimentation, créer des stations de pompage et prendre des mesures pour éviter la pollution des eaux et …ajuster les taxes.

Les tuyaux de bois existent encore dans plusieurs des entrées privées des maisons datant du début du siècle. Lors des travaux de « modernisation » des réseaux d’aqueduc, on a tout simplement insérés les tuyaux de métal à l’intérieur des tuyaux de bois


 

Aqueduc de St-Pierre-les-Becquets

DU RÉSEAU PRIVÉ AU RÉSEAU PUBLIC

1894 : Le 1er octobre, M. Ernest Dion, menuisier et charron devient propriétaire d’un aqueduc desservant le village de St-Pierre.

1898 : Le 6 septembre, le conseil municipal concède, pour 25 ans, à M. Dion le droit d’exploitation du réseau du village lequel doit fournir aux abonnés une eau convenable.
Coût annuel pour les usagers : 6$

1919 : M. Ludger Sauvageau, « fabricant de beurre » se porte acquéreur du réseau de Madame Veuve Élieusippe Dion. Le 24 septembre, le conseil lui octroi le privilège, pour 25 ans d’exploiter et d’administrer un aqueduc dans le 1er rang. Devront être desservis les habitants du premier rang de la limite de St-Jean-Deschaillons jusqu’au pont de fer de l’église.

1922 : Suite à la modification faite au chemin près de la côte Paris et Fournier, M.Sauvageau, par voie légale, exige de la municipalité de prendre en charge les coûts reliés au changements qu’il devra effectués sur ses branchements ou de lui verser 400$ pour qu’il assume le travail.

1925 : Mise en demeure est donnée à la municipalité par M. Sauvageau pour que le conseil prenne les mesures nécessaires lui permettant de passer sur les terrains privés pour faire le travail découlant des modifications effectuées au trajet.

1927 : Avis officiel du conseil municipal à M. Sauvageau de rendre l’aqueduc conforme aux règles d’hygiène et ce, en présentant, dans un délai d’un mois, plans et devis d’un ingénieur.

1930 : Évaluation du système : 10 000$. Création d’une Société coopérative qui sera gérée par la Société d’administration et de Fiducie qui contestera souvent les taxes chargées par la municipalité.

1931 : Le 14 février, une requête signée par 12 habitants, de la limite du haut du 2è rang exige de la municipalité que soit investit 4000$ des octrois reçus pour le chômage dans la création d’un parcours sur une longueur de 5 ou 6 milles. (Signataires : Edmond Lafond, Alfred Brunelle, Georges Fournier, Alphonse Trottier, Médéric Lafond, Onésime Marchand, Achille Turcotte, Alfred Gervais, Philippe Baril, Ovide Nault).Une société de détenteurs d’obligations sera crée pour administrer ce réseau.

1956 : Achat par la municipalité de St-Pierre du réseau à M. Maurice Mailhot.

1966 : Reconstruction du réseau au coût de 525 000$ et achat de la source du 5e rang ouest de Ste-Sophie où se situait le moulin à scie de M. Paul-Émile Morissette. Peu à peu les « branches » sont reliées et le territoire de St-Pierre est desservi par un unique réseau.

Sources : Tricentenaire Lévrard-Becquet et archives de la municipalité de St-Pierre

 


SI VOUS ÉTIEZ USAGER

DU RÉSEAU D’AQUEDUC… en 1919

CONDITIONS ET OBLIGATIONS

 

 

1) Le propriétaire s’engage à fournir de l’eau potable et convenable seulement au rez-de-chaussée ou premier plancher des maisons privées ou autres établissement.

2) Privilège pour les consommateurs de poser des embranchements pour conduire l’eau dans les différentes parties de ces établissements.

3) La charge du maître-tuyau et le coût et frais d’installation des « champleures » sont assumés par le consommateur.
Tarifs annuels :
– Résidence privée : 8,00$
– Latrines et chambre de bain : 3,00$
– Étables et écuries :

 

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Moins de 12 bêtes à cornes y compris les chevaux :

  • 1,00$ par cheval
  • 0,75$ par vache
  • 0,50$ par taure
  • 0,25$ par veau

12 bêtes à cornes et plus : 8,00$ +

  • 1,00$ par cheval
  • 0,75 par vache
  • 0,50$ par taure
  • 0,25$ par veau

4) Les propriétaires ont l’obligation d’installer des boules flottantes dans les auges et autres abreuvoirs afin d’éviter des pertes d’eau et autres inconvénients.

5) Le propriétaire du réseau a le droit de faire un recensement et ce, en tout temps.

6) Le locataire devra souffrir les réparations.

Source : Tiré d’un document de 1919 des archives de la municipalité de St-Pierre.

Claudette Fournier, SHGLB.